Immobilier
Interview exclusive : Maranatha sous surveillance de l’AMF
- Mercredi 30 août 2017 - 16:21
L'Autorité des marchés financiers (AMF), dans le cadre de son rôle de supervision, a adressé une mise en garde aux associations professionnelles de CIF au sujet de la société Maranatha. Olivier Carvin, son président, réagit et s’explique.
Dans cette lettre circulaire datée du 9 août dernier, l’Autorité des marchés financiers constate que des Conseillers en Investissements Financiers (CIF) « continuaient de commercialiser de manière significative, en particulier auprès d’investisseurs non professionnels, des offres d’investissement portant sur des instruments financiers émis par des sociétés du groupe Maranatha, notamment par la société Maranatha SAS ».
L’AMF émet des doutes sur « la capacité de Maranatha SAS à faire face en fonction de ses ressources disponibles » aux engagements pris. Sur l’exercice comptable 2015, les comptes sociaux de la société Maranatha SAS se sont heurtés au refus de certification du commissaire aux comptes. Cela car « il existe une incertitude, sur la capacité de la société à honorer ses dettes financières à court terme ». Dès lors les superviseurs compatbles ignorent si les comptes annuels « donnent une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice écoulé ainsi que de la situation financière et du patrimoine de la société à la fin de cet exercice ».
L’AMF indique que ce refus de certification constitue « un facteur de risque important que les investisseurs doivent pouvoir apprécier lors de leur souscription aux offres de Maranatha et pendant toute la durée de leurs investissements ». L’AMF signale aussi que la majorité des sociétés du groupe n’a pas à ce jour déposé ses comptes sociaux au greffe pour 2016.
Nous avons demandé à Olivier Carvin, président de Maranatha quels commentaires lui inspire cette mise en garde de l’AMF. « Nombre de nos partenaires CIF nous ont informés de cette note » constate-t-il. Aussi adresse-t-il cette mise au point aux associations de CIF :
« Nous tenons à vous informer que nos investisseurs sont propriétaires de parts d’actifs hôteliers et que Maranatha vient uniquement contre-garantir par une promesse de rachat les titres financiers souscrits ».
Olivier Carvin indique que les investisseurs « sont informés » que les comptes sociaux portant sur les deux précédents exercices comptables ont fait l’objet d’un refus de certification du commissaire aux comptes. Pour autant aux AG de juillet 2017, ils ont approuvé les comptes.
Il fait remarquer que les comptes clos au 30 septembre 2015 ont été approuvés et les assemblées générales concernant les comptes clos au 30 septembre 2016 « se sont bien déroulées ». En effet, 80 % d’entre elles ont pu se tenir et les comptes ont été approuvés.
Les attentats ont indiscutablement impacté l’activité des entreprises hôtelières, « entraînant pour Maranatha, la non certification des comptes des exercices 2015 et 2016 par le commissaire aux comptes ».
Il affirme que « ces assemblées générales s’étant tenues courant juillet, conformément à la réglementation les comptes seront déposés au greffe sous peu ». A noter : 20 % des assemblées générales n’ont pu valablement délibérer faute de quorum et se tiendront donc d’ici fin septembre.
Le président de Maranatha estime que « chaque investisseur a connaissance des risques encourus. La notice d’information qui leur est remise avant la souscription présente un caractère exact, clair, et non trompeur, donnant ainsi à ces derniers une information équilibrée entre les avantages et les risques ».
Par ailleurs, « les résultats de la première partie de l’exercice 2017 sont très encourageants, car les résultats d’exploitation des hôtels sont en nette hausse », à savoir selon les données que nous communique la société :
• du 1er octobre 2016 au 30 juin 2017 (exercice en cours), nous constatons un chiffre d’affaires TTC réalisé supérieur à 100 M€, soit une augmentation de 3,5 % par rapport à la même période un an plus tôt ;
• le taux d’occupation moyen est de 69,9 %, soit une amélioration de 5,3 points sur la même période;
• l’EBITDA (résultat d’exploitation) à fin juin 2017 a augmenté de 53 % par rapport à celui de l’année précédente, conformément au budget prévisionnel du groupe. « Cette augmentation, précise Olivier Carvin, résulte principalement d’une amélioration du marché du tourisme en France qui a retrouvé son niveau d’avant 2015 ».
« Ces résultats, conclut-il, démontrent la pertinence de la stratégie du groupe ».
Le communiqué de l’AMF va évidemment troubler la profession et de nombreux CIF risquent de considérer cela comme un risque pour la mise en jeu de leur responsabilité. Difficile de faire la part des choses ! Une chose est sûre, cette nouvelle polémique après celle de l’été dernier, selon les termes d’Olivier Carvin, « pourrait avoir des conséquences lourdes sur la poursuite de l’activité du groupe et mettre en péril leurs investissements » si les CIF voient cette lettre de l’AMF comme comminatoire pour leur responsabilité.