27112024

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Actualité des sociétés

Tirer parti des valorisations attractives des petites valeurs

O.MARINOTi

Interview de Olivier Marinot - Co-Gérant du fonds MCA Entreprendre PME chez MCA FINANCE.

 

MCA FINANCE est une société de gestion entrepreneuriale basée près d’Angers. Quelle est son histoire ?
Patrick Creuzé et Catherine Dagorn ont créé en 1987 Magnin Cordelle Angers SA, devenu depuis MCA FINANCE. Notre clientèle s’est développée grâce à un fort ancrage régional, notamment en gestion privée, avant de déployer une activité de gestion collective. Notre équipe est actuellement composée de 16 collaborateurs. Nous gérons 600 millions d’euros pour 1 200 clients.

Comment est structurée votre gamme ?
Elle comprend 19 fonds. Parmi ceux-ci figurent actuellement six OPCVM grand public, dont deux fonds obligataires, trois fonds investis en actions et un fonds mixte. À ceux-ci s’ajoutent 13 fonds sur mesure qui s’adressent à des particuliers, des partenaires CGP ou des Family office, ainsi qu’à des Institutionnels qui souhaitent disposer d’une gestion personnalisée flexible investie sur différentes classes d’actifs.

Comment est structurée l’équipe de gestion du fonds MCA Entreprendre PME ?
Je gère ce fonds en binôme avec Mayeul Jouppe, CFA qui nous a rejoint il y a 3 ans pour conforter notre expertise sur les petites et moyennes valeurs de la cote.

C’est le profil des valeurs dans lesquelles vous investissez ?
Oui, MCA Entreprendre PME est un fonds investi sur les petites et moyennes entreprises françaises, ainsi que sur les entreprises de taille intermédiaire, couramment désignées par l’acronyme ETI. Plus précisément, nous nous intéressons aux sociétés innovantes qui créent de la disruption sur leur marché de prédilection, ainsi qu’aux entreprises plus matures temporairement décotées en bourse.

Sur quels marchés intervenez-vous ?
Nous intervenons à la fois sur le marché primaire et sur le marché secondaire. Concernant le marché primaire, nous participons aux introductions en bourse et aux augmentations de capital qui permettent de financer directement les sociétés. Cela a été récemment le cas avec le Groupe Lacroix qui a procédé à une augmentation de capital. Notre implantation régionale nous permet de bien connaitre les entreprises du tissu économique local telles que Lacroix, Réalité ou Manitou.

Votre portefeuille a-t-il un biais régional ?
Oui car nous avons tissé des liens solides avec certaines entreprises régionales pour il est plus simple d’aller à la rencontre de leurs dirigeants, mais nous investissons partout en France.

Comment sélectionnez-vous les valeurs du portefeuille ?
Dans un premier temps, nous procédons à une analyse quantitative des entreprises de notre univers d’investissement. Plus précisément, toutes les petites et moyennes valeurs de la cote sont scrutées au travers d’une base de données. Pour cela, nous avons recours à divers ratios comptables et financiers comme la valeur de l’entreprise rapportée au chiffre d’affaires, les taux de marges opérationnelles ou encore les taux de croissance du chiffre d’affaires. Seules les entreprises qui présentent une valorisation attractive et des perspectives intéressantes sont sélectionnées pour ensuite faire l’objet d’une analyse plus approfondie.

En quoi consiste-t-elle ?
La deuxième étape du processus de sélection est une analyse qualitative. Nous nous penchons sur les forces et les faiblesses de l’entreprise et sur les opportunités de croissance dont elle dispose. Nous comparons ensuite son niveau de valorisation actuel à celui d’autres entreprises concurrentes. Enfin, nous nous penchons sur la décote dont elle fait l’objet pour en comprendre l’origine et ainsi estimer de quelles perspectives de revalorisation nous pouvons bénéficier en tant qu’actionnaire. Nous allons ensuite systématiquement à la rencontre du management de l’entreprise afin qu’il nous présente sa perception du marché et les perspectives offertes par la stratégie qui est mise en oeuvre.

C’est ainsi qu’une relation de long terme s’instaure ?
Oui, nous tâchons de rencontrer les dirigeants des entreprises du portefeuille au moins deux fois par an. La relation de confiance ainsi entretenue présente un avantage certain pour les investisseurs que nous sommes, notamment quand un titre baisse car, parmi les PME, chaque cas est particulier. Dès lors, si le titre chute en bourse, nous prenons immédiatement contact avec les dirigeants pour être, le cas échéant, rassurés sur la bonne tenue du plan de marche de la société. Si les fondamentaux ne sont pas remis en cause et si notre analyse du marché et de l’entreprise n’a pas changé, il est hors de question pour nous de vendre un titre, simplement parce que son cours fléchit. Eventuellement, ce peut être une opportunité de se renforcer sur le titre à un bon prix.

Ce cas de figure est-il courant ?
Le segment des micro, petites et moyennes valeurs cotées fait l’objet de nombreuses inefficiences. Les cours sont régulièrement décorrélés des fondamentaux de l’entreprise. Notre mission de gérant est précisément d’en tirer parti en anticipant qu’un élément déclencheur permette une revalorisation. Il peut s’agir d’une annonce liée à l’activité, à un changement de management, à un rachat d’actions, à de bonnes publications ou encore au fait que son secteur d’activité fasse l’objet d’un regain d’intérêt en bourse.

Comment avez-vous fait évoluer le portefeuille pendant la crise ?
Nous avons procédé à une rotation sectorielle. Dès avril 2020, nous nous sommes positionnés sur le e-commerce et sur les jeux vidéo. Nous sommes ensuite revenus sur les cycliques – automobiles, métaux et matières premières. Ensuite, grâce au vaccin, on a pu observer un redémarrage de l’économie. Nous avons donc repris position sur certaines grandes tendances impactées par l’épidémie : le marketing, l’évènementiel, l’économie circulaire et le recyclage.

Quelles sont vos idées du moment ?
Nous suivons de près la technologie unique de Biocorp dans le domaine du diabète avec un capteur intelligent qui collecte automatiquement les données d’injection d’insuline (dose, date et heure) ou encore celle de Kerlink dans le domaine de l’internet des objets. L’éditeur de logiciel Visiativ, très bien géré, a également capté notre intérêt. Sa capitalisation est de 90 millions d’euros alors que l’objectif d’EBITDA 2023 est de 30 millions d’euros. Nous avons aussi pris position sur deux entreprises très prometteuses, Reworld Media ou encore Qwamplify.

Thierry Bisaga