Gestion d’actifs
Selon Robeco, il y a peu de chances que l'économie atterrisse en douceur
- Mardi 14 mars 2023 - 09:00
- | Par Michel Lemosof
Un atterrissage en douceur de l’économie mondiale est peu probable. C’est la principale conclusion de la livraison de mars des Perspectives mensuelles de Robeco, sous la plume de Peter van der Welle, strategist sustainable multi-asset solutions.
« Les statistiques économiques des Etats-Unis ont réservé une agréable surprise avec la baisse de l’inflation, fait observer Peter van der Welle, strategist sustainable multi-asset solutions chez Robeco. Il existe toutefois des raisons pour lesquelles l’optimisme suscité par l’apogée du scénario « Boucles d’or » risque de tomber à plat. Les banques centrales sont susceptibles de freiner la demande excessive, ce qui implique un impact sur les marchés. »
Les investisseurs qui tablent sur un atterrissage en douceur de l’économie mondiale pourraient être déçus. Contrairement à la bouillie dans le conte Boucles d’or et les Trois Ours, qui n’est ni trop chaude ni trop froide, mais juste à la bonne température, l’évolution économique pourrait devenir préoccupante. Bien que l’inflation soit en baisse et que les statistiques économiques s’améliorent, les signaux récessifs pourraient avoir le dernier mot. En tout cas, l’équipe multi-actif du gestionnaire fondé en 1929 à Rotterdam (178 Md€ d’encours au 30 juin 2022) adopte une stratégie plus prudence pour les portefeuilles dont elle a la charge. Elle reste neutre à l’égard des actions mondiales et privilégie les obligations high yield, dont la valorisation est « plus attractive ».
Une récession dans 100 % des cas
« Non seulement les investisseurs, mais aussi les responsables gouvernementaux chevronnés comme la secrétaire au Trésor américain Janet Yellen, commente le stratégiste, ont récemment rejoint le chœur des partisans de l’atterrissage en douceur. Ce pivotement est compréhensible. Les données objectives sur l’économie américaine, telles que la création d’emplois non agricoles et les ventes au détail, ont été surprenantes à la hausse et contrasté avec les données subjectives antérieures, plus pessimistes. »
La résilience des consommateurs occidentaux, les conditions météorologiques favorables et la réouverture de la l’économie chinoise ont incité à l’optimisme. Sur la foi des données récentes, aucun obstacle ne s’est encore dévoilé. Or, prévient le professionnel, les marchés négligent ce qui s’est le plus souvent produit dans l’histoire dans des conditions économiques similaires. « Premièrement, explique-t-il, les indicateurs de récession fiables contredisent l’endurance du scénario Boucles d’or sur un horizon de 12 mois. Le signal d’alarme de la courbe des taux s’est encore amplifié depuis le début de l’année. L’inversion de la courbe des taux à 2 ans et à 10 ans s’est accentuée du fait de la réévaluation à la hausse des relèvements de taux de la Réserve fédérale américaine. »
L’inversion de la courbe des taux américains a rarement déclenché une fausse alerte quant à la prédiction d’une récession au cours des quatre dernières décennies (avec une exception notable en 1998). Le marché obligataire montre que si la Fed est déterminée à ramener l’inflation au taux cible en augmentant les taux d’intérêt « réels » en territoire positif, cela finira par freiner la demande globale. Pour mémoire, le décalage est en moyenne de 16 mois entre l’inversion de la courbe des taux et ses répercussions économiques.
« Le creux cyclique des taux de chômage, comme celui de 3,4 % aux Etats-Unis, poursuit Peter van der Welle, est un signal contraire pour l’activité économique future. Chaque fois que le taux de chômage américain passe sous la barre des 5 % et que l’inflation dépasse les 4 %, une récession s’ensuit dans les deux années suivantes dans 100 % des cas. Enfin, bien que les problèmes de la chaîne d’approvisionnement se soient considérablement atténués, un important choc positif du côté de l’offre par le biais d’investissements serait nécessaire pour éliminer les éléments d’inflation persistants dans plusieurs secteurs économiques. »
ML