Marché
Le premier PEAC du marché se lance
- Mercredi 30 octobre 2024 - 18:00
- | Par Jonathan Blondelet
On le pensait mort-né, il vient pourtant de pousser son premier cri. Le produit d’épargne orienté vers les investissements durables et destiné aux jeunes vient de trouver son premier assureur en la personne d’Afi Esca. David Teichmann, responsable marketing épargne de la compagnie, explique ce pari.
Toute la Place est frileuse face au plan d’épargne avenir climat (PEAC), difficile à construire comme à vendre. Toute ? Non. Le premier vient d’être lancé par la compagnie d’assurance Afi Esca, sous le nom « Active Sélection Avenir ».
Il se présente sous la forme d’un contrat de capitalisation avec un seul profil en gestion piloté à horizon (le choix par défaut du PEAC) : « prudent », qui mêle fonds en euros et six unités de compte (UC) Greenfin. L’intégralité des investissements sont cependant basculés sur le fonds en euros aux 28 ans de l’assuré.
Le contrat est ouvert à la souscription depuis juillet 2024 et distribué par les courtiers partenaires du grossiste Afi Esca Patrimoine.
Pour rappel, le PEAC a été créé par la loi Industrie verte et se présente comme le remplaçant du PER pour mineur, qu’il n’est plus possible d’abonder ni d’ouvrir depuis le 1er janvier 2024. Plafonné à 22 950 euros à l’instar du livret A, le plan d’épargne qui prend la forme d’un compte titres ou d’un contrat de capitalisation est réservé aux jeunes de moins de 21 ans, avec clôture à 30 ans au plus tard.
Les fonds sont bloqués jusqu’à la majorité à condition d’avoir respecté une période de blocage de cinq ans minimums. Si ces deux conditions cumulatives sont respectées, des retraits partiels sont possibles, mais ceux-ci bloquent tout futur versement.
Si les investissements, obligatoirement fléchés vers des supports financiers ISR ou Greenfin, bénéficient d’un derisking à l’approche de l’échéance de façon similaire au PER, ils ne bénéficient pas de la même fiscalité : seules les plus-values sont exonérées d’impôt sur le revenu et de prélèvement sociaux et à condition d’avoir respecté la période de blocage des fonds.
Un ensemble de contraintes et de faibles avantages qui explique qu’un seul acteur ne se soit à ce jour emparé d’un plan d’épargne pourtant commercialisable depuis le 1er juillet. Pourquoi Afi Esca a-t-il tenté sa chance ? David Teichmann, responsable marketing épargne d’Afi Esca, nous répond.
Quels sont les retours terrain depuis que votre PEAC est commercialisé ?
David Teichmann : Si le PEAC est disponible à la souscription depuis début juillet, le lancement commercial n’a eu lieu qu’au mois de septembre et son déploiement sur le terrain qu’au mois d’octobre.
Comment répondez-vous aux critiques adressés par les autres assureurs au PEAC ?
Pour le moment nous avons peu de retour précis sur les critiques et la complexité du contrat, mais les commerciaux adhèrent sur le terrain. Le contrat n’est pas dans la cible standard de distribution des courtiers puisqu’il concerne un souscripteur mineur au travers de ses représentants légaux.
Nous estimons qu’il s’agira essentiellement de contrats avec des versements programmés, dont le montant moyen mensuel sera compris entre 50 et 150 €, mais pas seulement puisque le contrat permet également des versements libres ponctuels.
Comment les distributeurs la présentent-ils aux prospects ?
Nous avons opté pour la simplicité. Sont évoqués l’intérêt de constituer un capital pour les jeunes, mais aussi le choix d’aller sur des UC Greenfin plutôt qu’ISR. C’est un engagement plus fort, qui exclut les secteurs controversés comme le nucléaire et les énergies fossiles, mais qui restreint aussi la gamme.
La notion de transmission familiale est aussi mise en avant, souvent des grands-parents vers les petits-enfants, dans le respect de la réglementation en vigueur qui autorise les présents d’usage.
La fiscalité des plus-values n’est par ailleurs pas aisément compréhensible par le consommateur s’il n’est pas accompagné d’un conseil, puisqu’elles doivent respecter les périodes cumulatives de blocage des fonds.
Le gouvernement a affirmé que 99 % du capital devait être garanti à la sortie, refroidissant les émetteurs au vu des récentes performances des fonds durables…
Notre gestion pilotée à horizon ne propose qu’un profil prudent qui correspond à la philosophie du contrat, avec une gamme d’UC réduite mais performantes. La sécurisation se fait par paliers jusqu’au 30 ans de l’assuré, mais ses investissements sont intégralement basculés sur le fonds euro à partir de 28 ans.
Quelle collecte envisagez-vous pour ce produit ?
Avec un plafond identique au livret A, nous savons qu’elle sera toute relative en termes de montants, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières. Nous croyons au produit puisqu’il répond à un besoin pour une cible de clientèle pour laquelle nous n’avions pas de réelle solution à proposer jusqu’à présent.
Pour l’assureur, c’est une opportunité pour engranger des primes périodiques par le biais des versements programmés. Pour les courtiers, de rajeunir le portefeuille en élargissant leur gamme d’offres tout en s’inscrivant dans les tendances sociétales.
Pensez-vous que certains paramètres du PEAC soient susceptibles d’évolutions ?
Nous attendons encore des précisions sur certains sujets, laissant envisager un assouplissement éventuel. Cela concerne notamment les conditions de retrait, les souplesses de rachat et le traitement fiscal lié à ces opérations.