26112024

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Cyrus Conseil : une année 2023 "pour les audacieux"


CyruswebComme tous les ans le cabinet leader du conseil en gestion de patrimoine a dressé le bilan de 2022, « une année d’inflexion majeure avec le retour de l’inflation et son corollaire, la hausse des taux, et avec la forte baisse simultanée des actions et des obligations, du jamais vu ! » a souligné Meyer Azogui, son président. Celui-ci a ensuite développé les perspectives du cabinet et les tendances patrimoniales.

De cette année 2022 Meyer Azogui, le patron emblématique du groupe Cyrus, a retenu cinq marqueurs forts qui incitent à repenser sa stratégie patrimoniale pour 2023:

1°) « On n’a jamais eu une période aussi longue de stabilité fiscale, on sait où on va. Souvenez-vous du quinquennat Hollande où l’on avait souvent des changements qui plus est rétroactifs ». Ceci dit, fait remarquer Sophie Nouy, Directrice du Pôle d'Expertise Patrimoniale, « le sujet de la transmission de patrimoine est le grand absent de cette loi de finances 2023 alors que le candidat Macron avait promis qu’il allait adoucir la fiscalité notamment en ce qui concerne les familles recomposées ». Une réforme repoussée au motif qu’elle « n’est pas jugée essentielle ». Cependant « c’est une erreur de considérer que c’est trop tôt de penser à sa transmission, par exemple pour un jeune chef d’entreprise qui ne comprend pas que le pacte Dutreil est un formidable outil de prévoyance, ou trop tard, pour un retraité de plus de 70 ans qui s’imagine qu’il ne doit plus alimenter son assurance vie » a martelé cette spécialiste.

2°) L’émergence du private equity dans le monde du retail avec « une offre aujourd’hui pléthorique » sur plusieurs plateformes, dont PAI Partners ou Eurazeo pour les plus importantes.

3°) « La réhabilitation d’une classe d’actifs dont on n’avait plus entendu parler depuis une trentaine d’années, les obligations ». Les rendements obligataires remettent en perspective l’ensemble de la chaîne de création de valeur ! « Est-ce qu’on a envie de prendre des risques ailleurs ! » fait remarquer Meyer Azogui. Christophe Mianné a souligné « l’opportunité très forte » des fonds datés, « une solution qui avait disparue depuis 2008 » du fait des émissions à des taux quasi nuls ou négatifs.

4°) La « bonne surprise des fonds en euros qu’on avait enterré un peu vite », avec un taux moyen de 1,3 % en 2021 qui devrait être d’environ 2% cette année avant prélèvements sociaux ! Mais le président de Cyrus Groupe évoque tout de même un bémol, à savoir « la peur de voir des épargnants partir » (vers des options plus rémunératrices), ce qui a contraint les compagnies à piocher dans les réserves pour afficher des taux acceptables « alors que les portefeuilles ont essuyé de fortes moins-values ». La concurrence est rude : « c’est vrai que les fonds euros sont passé de 1 à 2%, mais avec les fonds datés on parle de fonds qui vont rapporter du 6 ou 7% par an, sous réserve du taux de défaut ! » observe Christophe Mianné.

Le grand retour des structurés

La collecte Cyrus en gestion privée a beaucoup changé ces dernières années. En 2022 elle se répartissait ainsi : 50% financier dont 35% en assurance vie (« c’était 90% il y a 10 ans et 60% il y a 5 ans ») et 15% en comptes titres, 40% en immobilier (SCPI, private equity en club deal, fonds de type hôtelier…) et 10% en private equity (dettes et equity). Il est frappant qu’autrefois les clients ne juraient que par le fonds en euros alors qu’en 2022 celui-ci n’a représenté que « 42% en moyenne de la collecte ». Donc plus de la moitié des entrées de capitaux est allée vers les unités de compte.

Pour Meyer Azogui « en 2023 les gagnants seront les plus audacieux, les perdants seront ceux qui vont rester frileux ». Il a notamment insisté, encore plus pour cette année, sur l’intérêt des structurés, « une vraie classe d’actif, une vraie conviction chez nous car la hausse des taux ouvre de nouvelles perspectives ». En effet, depuis une dizaine d’années le marché ne proposait que des « auto-calls » (des paris boursiers avec une protection désactivée en cas de forte baisse de l’indice de référence) alors que maintenant il peut y avoir des offres à capital garanti (sur la base d’obligations à zéro coupon), « ce qui est idéal pour les investisseurs prudents qui sont sûrs de retrouver au moins leur mise après cinq ou six ans» observe Christophe Mianné.

Meyer Azogui souligne en outre que « la moitié de la collecte en produits structurés se fait sur la base d’appels d’offres auprès d’une huitaine d’émetteurs pour avoir le meilleur prix et la moitié c’est du sur-mesure ». Cyrus tient à éviter les offres bricolées et chargées en frais. « Cette classe d’actifs des structurés est désormais inépuisable compte tenu de la volatilité de la hausse des taux » s’enchante Meyer Azogui.

Une année de transition

Quant à l’activité du cabinet, après une année 2021 exceptionnelle (+103% sur l’encours conseillé) et une année 2022 qu’il qualifie de « stable » (à 9,5 Md€ de stock, avec une collecte +3% à 1,1 Md€, une seule acquisition de cabinet) Meyer Azogui a bien l’intention de reprendre l’initiative en 2023.

Du côté des anticipations macro Emmanuel Auboyneau, gérant associé d’Amplegest, la société de gestion devenue filiale du groupe Cyrus, a dressé des perspectives rassurantes après le violent choc des taux d’intérêt en 2022. Selon lui on s’oriente vers « une décélération de l’inflation en 2023 » et « on devrait éviter une récession forte, ou au pire avoir une récession modérée et courte ». Donc « l’environnement cette année est nettement plus favorable, avec des actifs actions dépréciés et un champ des possibles sur les obligations ».

En immobilier, José Zaraya, président d’Eternam, la filiale du groupe Cyrus, a répété son attachement à investir essentiellement à Paris intramuros, depuis trois ans, en raison de la forte demande des utilisateurs pour des adresses prestigieuses et des immeubles très opérationnels. Cela en club deals ou à travers des fonds dédiés. Il souligne en outre que le poids des travaux, certes en hausse, reste très marginal par rapport aux prix de vente très élevés à Paris (de l’ordre de 10%) alors qu’en région ce coût peut être très lourd et détruire la rentabilité de l’opération.

« Les exigences de rendement supérieure que réclament les investisseurs avec l’inflation, aux environs de 3,20 à 3,40% au lieu de 2,80%, sont compensées sans difficulté par les hausses de loyer » observe le spécialiste de l’immobilier de Cyrus. Il a débouclé trois opérations en 2022, dont une avec une rentabilité annuelle (TRI) à 16%, « très supérieure à ce que nous avions annoncé au départ » ! José Zaraya expose sa deuxième conviction sectorielle : l’hôtellerie économique, « un bon rempart contre l’inflation ». Troisième option déveoppée, la logistique (plutôt sur le dernier kilomètre).

En conclusion Meyer Azogui recommande de conserver fortement des liquidités pour capter « les nombreuses opportunités qui vont se présenter ».

JDE