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Gestion de Fortune n° 345 - Avril 2023

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L'Edito de Pascale Besses-Boumard

 Confiance

La Bourse, c’est bien connu, n’est pas faite pour les âmes sensibles. Il faut des nerfs d’acier pour savoir gérer les situations les plus anxiogènes. C’est bien connu, sauf que bien souvent, même les professionnels les plus aguerris se laissent gagner par la panique et vendent, sans aucune retenue, les titres qu’ils recommandaient encore chaudement la veille, à la moindre nouvelle inquiétante.

C’est ce qui vient de se passer à l’occasion de la faillite de la Silicon Valley Bank, 16e plus importante banque américaine en termes d’actifs sous gestion et connue pour être la banque de la tech US. Les dirigeants de cet établissement ont mal évalué l’incidence de la hausse des taux sur leur portefeuille de titres obligataires et se sont retrouvés en difficulté en voulant les vendre. Et comme, de nos jours, ce type de nouvelle se répercute telle une traînée de poudre, la banque s’est soudainement retrouvée avec des demandes de retraits pour l’équivalent de 42 Md$. Intenable. D’où la fermeture de la banque immédiatement imposée par les régulateurs locaux.

Il n’en fallait pas plus pour provoquer un mouvement de panique sur tous les marchés financiers mondiaux qui ont tous dévissé sans aucun délai. Les professionnels boursiers avaient, certes, en tête la faillite de Lehman Brothers en 2008 et la gabegie des subprimes. Tout comme la FED qui a rapidement indiqué que l’on pouvait compter sur elle pour apporter toutes les liquidités nécessaires afin de régler le problème SVB.

Rebelote lorsque les actionnaires saoudiens du Credit Suisse ont officiellement indiqué qu’ils ne comptaient pas renflouer la banque, elle aussi en difficulté. Re-mouvement de panique générale sur les marchés boursiers européens, et réaction tout aussi convaincue de la BCE pour annoncer qu’elle jouerait, comme son homologue américain, son rôle en cas de besoin.

Dans les deux cas, les propos des banquiers centraux sont venus rassurer les esprits, et les places boursières ont repris immédiatement de la hauteur, récupérant quasiment à l’identique ce qu’elles avaient perdu quelques jours plus tôt. Dans les deux cas, les investisseurs ont pu constater que la crise de 2008 avait été salutaire pour les marchés financiers, en ce qu’elle a préparé les régulateurs à réagir vite et fort en cas de soupçons de défaillances.  Malheureusement, les investisseurs n’ont absolument pas pris le temps de se souvenir que les grandes banques mondiales avaient été contraintes, après 2008, à revoir drastiquement leurs ratios de solvabilité. De réguliers « krach tests » ont même été organisés pour évaluer leur résistance en cas de crise systémique.

On a surtout vu que le nerf de la guerre est ailleurs. C’est parce qu’ils craignaient de ne plus revoir leur argent que les clients de SVB ont massivement réclamé leurs avoirs en l’espace de quelques heures, c’est parce qu’ils ont vu un signal de défiance de la part des Saoudiens vis-à-vis de Credit Suisse que les investisseurs ont vendu sans discernement tous les titres bancaires. En fait, les plus sérieux arguments techniques et scientifiques ne valent rien sans la confiance.