Gestion d’actifs
ETF en Europe : décollecte record en mars 2020 (Morningstar)
- Jeudi 16 avril 2020 - 10:42
- | Par Michel Lemosof
Au cours du mois de mars 2020, les ETF commercialisés en Europe ont subi une décollecte record : le montant de sorties nettes s'est élevé à 21,9 Md€, selon Morningstar. Du jamais vu, même pendant la crise financière de 2008.
En mars 2020, alors que la pandémie du Covid-19 s’amplifiait, le marché des ETF européens a enregistré un record de sorties : 21,9 Md€ de rachats nets (dont plus de 60 % dans la semaine du 16), d’après Morningstar.
« Cette décollecte, précise Jose Garcia Zarate, analyste ETF chez Morningstar UK, affecte une industrie qui s’était habituée à enregistrer des entrées nettes de capitaux de façon presque ininterrompue depuis sa naissance, il y a une vingtaine d’années. Les ETF n’avaient jamais enregistré de telles sorties nettes, même au pic de la crise financière mondiale de 2008 ou au plus fort de la crise de la dette de la zone euro. Rappelons que le précédent record de décollecte s’était établi à 8,2 Md€, en août 2019, la faiblesse des indicateurs économiques et la montée des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ayant alors ébranlé les marchés. Cette décollecte avait été suivie d’un vif rebond, les ETF attirant en moyenne 15 Md€ chaque mois entre septembre 2019 et janvier 2020. »
Sans surprise, les actifs sous gestion ont aussi accusé une baisse record, descendant à 781 Md€, contre 899 Md€ en février, retombant à leur niveau de juin 2019. En un mois, les investisseurs ont subi des pertes en capital d’un peu plus de 95 Md€ ! Ceux qui avaient pronostiqué que le marché des ETF européens atteindrait rapidement la barre de 1 000 Md€ devront patienter.
L’analyse des flux hebdomadaires semble toutefois indiquer que les investisseurs ont repris quelque peu confiance en fin de période et durant les premiers jours d’avril. « Cette amélioration, commente Jose Garcia Zarate, s’explique par une série de mesures de soutien annoncées des deux côtés de l’Atlantique. »
Les grandes capitalisations européennes à contre-courant
En mars 2020, les actifs des ETF actions ont été ramené à 467 Md€, contre 559 Md€ en février, soit à leur niveau d’il y a 14 mois (janvier 2019). Les ETF grandes capitalisations américaines, les ETF marchés émergents et les ETF large cap Japon ont respectivement décollecté 5,4 Md€, 3,6 Md€ et 1,5 Md€. Inversement, les ETF grandes capitalisations européennes ont terminé le mois sur des entrées nettes de 2,4 Md€, tandis que les ETF actions allemandes et les ETF grandes capitalisations britanniques ont affiché des collectes supérieures à 1,1 Md€. Les ETF France ont plutôt fait bonne figure, avec une collecte nette mensuelle de 800 M€.
« Les actifs des ETF obligataires, fait encore observer le professionnel, ont chuté à 219 Md€, après avoir atteint un niveau record de 245 Md€ en février. Ils retrouvent ainsi leur niveau de septembre 2019. Les ETF obligations d’entreprises libellées en euros ont été les plus affectés, avec des sorties nettes de 2,7 Md€, témoignant de l’incertitude quant à de futurs déclassements des notes de crédit. Les ETF obligations émergentes (tant en monnaies locales qu’en monnaies fortes) ont également subi une forte décollecte (avec un flux négatif de plus de 4,6 Md€). En revanche, les ETF en obligations d’Etat de la zone euro ont joué leur rôle de valeur refuge et enregistré des entrées nettes de 1,8 Md€ (dont 800 M€ investis dans des ETF obligations d’échéances courtes). »
Enfin, s’agissant des fournisseurs, ce sont UBS (– 7,4 Md€) et iShares (– 6,6 Md€), n° 1 en termes de part de marché, qui ont payé le plus lourd tribut aux récentes turbulences de marché. Sur les 10 premiers fournisseurs d’ETF, Vanguard est le seul à avoir enregistré des entrées nettes significatives (1,9 Md€), grâce aux Vanguard FTSE All-World High Dividend Yield et Vanguard FTSE All-World.
ML