Gestion d’actifs
Expertise et convictions
- Mardi 1 octobre 2024 - 11:15
- | Par Thierry Bisaga
Interview de Nicolas Walewski, Gérant du fonds Alken Fund – Small Cap Europe, chez Alken AM
Vous avez créé Alken AM il y a presque vingt ans. Quelles classes d’actifs couvrez-vous désormais ?
Dès 2005, nous avons voulu proposer une gestion de conviction pleinement indépendante. Au départ celle-ci concernait exclusivement les actions.
Depuis, nous nous sommes ouverts à d’autres classes d’actifs, notamment l’obligataire, avec des expertises sur le rendement et les obligations convertibles, et la gestion alternative, via une approche de gestion différenciante sur la dette privée. Nos équipes sont aujourd’hui présentes dans plusieurs pays européens, notamment au Royaume-Uni, au Luxembourg, en France et en Espagne. Notre gestion repose sur une recherche interne rigoureuse et une démarche ESG initiée de longue date.
Concernant la gestion actions, quelle est votre approche ?
Nous sommes avant tout des stock-pickers. Nous sélectionnons chacune des entreprises détenues en portefeuille avec beaucoup de vigilance, la gestion des risques étant centrale dans notre approche. Pour construire le portefeuille, nous n’hésitons pas à nous éloigner de nos indices de référence. Il en résulte que la part active de nos portefeuilles d’actions, c’est-à-dire celle qui ne correspond pas à la composition des indices de référence, est voisine de 95 %.
Comment est structurée votre équipe de gestion actions ?
Basée à Londres, elle est composée de deux gérants-analystes : Marc Festa et moi-même. Dans notre mission, nous sommes localement épaulés par deux analystes, Reda Karkar et Brice Ferrandez et par des analystes-consultants, basés à Paris et à Madrid, Pierre Bosset, François de Nanteuil et Monica Anaya. Nous avons choisi de mettre en œuvre une gestion pleinement collégiale. Ainsi, nous évitons les traditionnels biais de gestion qui sont susceptibles d’apparaitre lorsque la gestion se résume à une combinaison stricte d’avis de spécialistes. Depuis 2018, date de la mise en place de notre desk obligataires, nous avons également développé de nombreuses synergies avec l’équipe de gestion composée d’Antony Vallee, de Robin Dunmall, de Nicolas Dubourg et d’Antoine Marmoiton. Cette organisation nous a permis, au fil du temps, d’obtenir de nombreux prix au regard des surperformances régulières que nous sommes parvenus à délivrer sur la durée. C’est notamment le cas sur la classe d’actifs petites et moyennes valeurs européennes depuis le lancement du fonds Alken Fund – Small Cap Europe en 2007.
Quel est le profil des entreprises que vous intégrez dans le portefeuille ?
Notre démarche repose avant tout sur le bon sens et combine analyse financière et extra-financière. Nous privilégions les entreprises les mieux gérées et dont nous comprenons parfaitement le métier. Parmi les critères ESG, nous veillons surtout à ce qu’elles bénéficient d’une bonne gouvernance. Cette exigence nous permet d’éviter d’éventuels accidents de parcours boursiers qui peuvent s’avérer extrêmement coûteux en termes de performance. Bien sûr, conformément à nos engagements ISR, nous procédons également à des exclusions normatives et sectorielles. Nous évitons soigneusement d’investir dans des valeurs dont le business model est soit trop récent soit trop peu clair, ainsi que dans celles dont le métier présente trop d’aléas.
De quelles firmes s’agit-il ?
On peut mentionner les firmes de biotechnologie ou certaines introductions en bourse dont nous ne comprenons pas l’activité. Nous sommes également vigilants quant à la transparence en matière d’information. Il est impératif que nous ayons une vision claire de la stratégie des entreprises que nous accompagnons sur la durée. Il s’agit de firmes, pour la plupart uniques en leur genre, qui ont une histoire spécifique. En résumé, afin d’apporter à notre portefeuille un haut degré de sécurité, nous privilégions les sociétés dans lesquelles nous avons de fortes convictions, dont la valorisation est attractive et, par conséquent, dont le potentiel d’appréciation est significatif.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la classe d’actifs ?
Les fonds investis dans les small caps subissent des flux sortants depuis de nombreuses années. Les investisseurs se sont montrés extrêmement frileux ces derniers temps. Pourtant la classed’actifs subit une forte décote, le différentiel de valorisation avec les plus grandes capitalisations étant proche d’un plus haut historique. Curieusement, le marché semble avoir intégré une récession à venir pour le segment des petites valeurs alors que ce n’est pas du tout le cas pour les plus grandes. Il en résulte donc de nombreuses opportunités dans notre univers d’investissement pour ceux qui ont la capacité d’analyser et d’identifier les atouts des nombreux titres trop faiblement valorisés par le marché.
Quels sont-ils ?
On peut évoquer le secteur immobilier avec plusieurs petits promoteurs qui, alors que leurs perspectives sont bonnes, affichent des décotes de l’ordre de 50 % par rapport à leur actif net. Dans le secteur financier, on peut évoquer le cas du groupe Euronext qui n’est valorisé que 13 fois ses bénéfices alors que ses principaux concurrents sont, en moyenne, valorisés 22 fois leurs bénéfices. La dynamique du groupe européen et la qualité de son offre sont remarquables et rien ne justifie une telle différence de valorisation. Dans le secteur de l’énergie, le groupe Technip, extrêmement bien géré, et Saipem, qui bénéficie d’une restructuration fort bien menée, ont retenu notre intérêt. Un autre signe intéressant de la pertinence actuelle de la classe d’actifs est le rendement sur dividende observé. Nombreux sont les titres détenus en portefeuille qui délivrent aujourd’hui un rendement supérieur à 10 %. De tels niveaux de rendement laissent présager de futures et consistantes revalorisations.
Combien de titres détenez-vous actuellement en portefeuille ?
Il s’agit d’un portefeuille de convictions, concentré autour d’une soixantaine de valeurs. Pour une bonne maîtrise des risques idiosyncratiques, nous veillons en permanence à ce que le portefeuille soit équilibré. Il fait donc l’objet d’une bonne diversification que ce soit d’un point de vue sectoriel ou géographique, mais aussi par style de gestion afin qu’il puisse accompagner les différentes phases des cycles économiques. Soucieux de limiter les aléas, nous évitons de faire du timing de marché.
Dans quels pays et secteurs êtes-vous actuellement investis ?
Nous sommes investis dans de nombreux pays européens dont les dynamiques économiques sont différenciées. Nous détenons ainsi des titres cotés en France, qui est notre principale pondération, au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne ou encore en Norvège. En termes de secteurs, nos convictions font que nos principales pondérations sont actuellement sur l’industrie, l’énergie et le secteur financier.
TB