23112024

Retour

Loi de finances

PLF 2025 : 60 Md€ d’économies et de nouveaux impôts


poche vide pauvreté detteSi le détail des mesures est encore incertain, l’objectif l’est bien : ramener le déficit en-dessous de la barre des 5 % du PIB. L’hypothèse de croissance prudente de 1,1 % retenue par l’exécutif évitera selon lui de répéter les erreurs de prévision de 2024.

 

 

 

 

 

Même sans en connaître le détail des recettes et dépenses, il est déjà certain que le budget 2025 sera celui de la disette. Le déficit pour 2024, initialement annoncé à 4,4 % du PIB, puis à 5,1 % il y a quelques semaines, dépassera finalement 6 %, soit un gouffre de 50 Md€. Sous le coup d’une procédure de déficit excessif de l’Union européenne depuis fin juillet, la France joue gros.

Retard sur retard

La procédure du projet de loi de finances (PLF) pour 2025, avec la dissolution et la recomposition tardive du gouvernement, a déjà pris du retard : alors que le texte aurait dû être déposé hier sur le bureau de l’Assemblée national, il ne le sera au mieux que le 10 octobre, le temps que le Conseil d’Etat et le Haut conseil des finances publiques (HCFP) rendent un avis.

Les lettres plafonds, qui fixent le maximum de dépenses par ministère, ont été envoyées avec deux mois de retard, et Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, a voulu procéder à quelques ajustements à son arrivée, retardant d’autant plus l’échéance.

Le gouvernement se veut pourtant rassurant, confiant sur la capacité de la machine législative à tenir les délais constitutionnels qui imposent une publication au Journal Officiel (JO) au plus tard le 31 décembre.

150 Md€ de déficit

Quelques précisions ont été apportées sur un budget qui fixe un objectif de retour du déficit à 5 % en 2025, pour atteindre celui de 3 % - imposé par l’Union européenne - en 2029. Concrètement, le total des dépenses atteint sur l’année 1 700 Md€ et celui des recettes 1 560 Md€, soit un besoin de financement supplémentaire de 150 Md€.
Le ratio de dépenses publiques (soit son rapport au PIB) doit baisser de 56,8 % à 56,3 %. Si la progression paraît modeste, elle nécessitera en réalité des efforts budgétaires considérables : 40 Md€ d’économies sur les deniers publics sont prévues en 2025, sur les opérateurs de l’Etat, les dépenses fiscales et sociales ou les aides aux entreprises.

Sur ce montant, 20 Md€ d’économies sont prévus sur l’ensemble des ministères, dont 5 Md€ ont été décidés par le nouveau gouvernement. Le report au 1er juillet 2025 de l’indexation des retraites sera également une source d’économies substantielle.

Contribution des plus riches

Parallèlement, 20 Md€ de recettes supplémentaires devront être engrangées, représentant un tiers de l’effort de redressement des finances publiques. Michel Barnier, lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée générale le 1er octobre, a désigné ceux qui seront mis à contribution. Il s’agit des « grandes et très grandes entreprises qui réalisent des profits importants », ainsi que des « Français les plus fortunés » à qui seront demandés « une contribution exceptionnelle » au nom de l’« exigence de justice fiscale ».

Au gouvernement, on s’offusque des gros titres sur le « choc fiscal » pressenti, en rappelant que l’effort demandé est d’une magnitude bien inférieure à celui consenti par l’Etat pendant la pandémie de Covid-19 et la période inflationniste.

D’autres mesures fiscales, orientées vers le verdissement de l’économie, sont également prévues, frappant par exemple les véhicules thermiques. Elles doivent permettre d’engranger 1,5 Md€ de recettes supplémentaires.

Hypothèse de croissance prudente

Afin d’éviter toute erreur de prévision budgétaire susceptible de mener à un nouveau « dérapage des finances publiques » en fin d’année prochaine, l’hypothèse de croissance s’affiche prudente pour ne plus pécher par optimisme : de 1,1 % en 2024 comme en 2025, suivant celles de l’OCDE, de l’Insee ou de la Banque de France.

Elle prend en compte l’impact des mesures de redressement ainsi que du ralentissement de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages - projetée à 2,1 % en 2024 et 1,8 % en 2025 - avec des prix de l’énergie en baisse et des prix alimentaires globalement stables.

Le budget transmis au HCFP prévoit par ailleurs un déficit de 5,2 % pour 2025, faute de temps pour intégrer certaines mesures. Des amendements seront déposés par le gouvernement pendant les navettes parlementaires pour atteindre l’objectif de 5 %.