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Journée Internationale des droits des femmes : quel rapport au patrimoine ?
- Vendredi 8 mars 2024 - 11:15
- | Par La rédaction
Plus prudentes, moins confiantes dans leurs connaissances ou préparées pour leur retraite… Panorama des données livrées par les acteurs de l'investissement sur les femmes.
A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nombre d’acteurs du monde patrimonial y sont allés de leur petit communiqué. Compilés, ils apportent plusieurs enseignements dessinant l’évolution du rapport féminin à l’investissement, qui a trop longtemps été considéré comme un univers d’hommes.
Moins confiantes dans leurs connaissances économiques
D’après un rapport du Crédit coopératif, 27 % des femmes disent comprendre le fonctionnement de l’économie et des mécanismes financiers, contre 48 % des hommes. Cet écart se retrouve sur la compréhension du fonctionnement des banques (48 % contre 60 %) ou les compétences liées à l’argent (67 % contre 76 %).
Crédit coopératif souligne un autre point : les stéréotypes en lien avec l’argent sont encore solidement ancrés dans la tête des hommes. Pres de 42 % d’entre eux pensent que les femmes sont plus dépensières et 27 % qu’elles investissent moins bien leur argent. Conséquence ? Si les dépenses ordinaires sont plus souvent décidées par les femmes seules que les hommes seuls au sein d’un couple (19 % contre 13 %), la tendance s’inverse pour les décisions financières importantes (22 % contre 28 %).
Moins préparées pour leur retraite
Une étude d’Inter Invest réalisée en septembre 2023 montre que les femmes sont plus inquiètes que les hommes concernant les revenus dont elles disposeront à la retraite (81 % contre 74 %). Une statistique logique quand on prend en compte les interruptions de carrière liées à la maternité et un écart salarial moyen de 24 % impliquant des cotisations inférieures. Par ailleurs, certains produits d’investissement comme le PER sont encore peu connus des femmes. Un peu plus de 40 % ignorent leur existence selon les données d’Inter Invest.
Plus prudentes dans l’investissement
Plusieurs enquêtes montrent que la présence des femmes parmi les investisseurs se renforce progressivement. « Notre dernière enquête auprès des investisseurs particuliers, qui a porté sur 10 000 investisseurs bricoleurs de 13 pays, révèle une augmentation de 30 % du nombre d'investisseurs féminins au cours des deux dernières années, contre un taux de croissance de 21 % pour les investisseurs masculins », indique dans une note Ben Laidler, Global Markets Strategist pour eToro.
Les stratégies d’investissements féminines sont plus prudentes, moins tournées vers les technologies, l’intelligence artificielle ou les cryptoactifs. « Elles donnent la priorité aux objectifs de sécurité financière et à la gestion des risques de baisse, affichant moins la (sur)confiance souvent observée chez les investisseurs masculins, poursuit Ben Laidler. Cette approche s'aligne sur les études universitaires indiquant qu'en moyenne, les femmes sont de meilleures épargnantes et génèrent des rendements d'investissement supérieurs, attribués à leur prudence, à leur diversification et à une fréquence de négociation plus faible. »
Plus d’acquéreuses en solo dans l’immobilier
Mon Chasseur Immo rapporte que la proportion de femmes seules cherchant à acquérir un bien immobilier ne cesse de croître dans sa clientèle. De 45 % en 2019, elle atteint 53 % en 2023. Les clientes sont aussi plus jeunes : les femmes de moins de 30 ans représentent maintenant 18 % de la clientèle du réseau contre 3 % en 2019.
Cette dynamique s’explique en premier lieu par la profonde modification de la sociologie des ménages, où la part de familles monoparentales prend une place de plus en plus importante, ce qui modifie la typologie de biens recherchés. « En 2019, les acquéreurs femmes recherchaient pour plus de 60% des biens d’une ou deux pièces, aujourd’hui la demande se porte à 64% sur des trois pièces et plus », écrit Mon Chasseur Immo.
Encore trop peu présentes dans les fonctions de direction
Qu’en est-il du côté professionnel ? Le premier baromètre sur l’entrepreneuriat des femmes en France, proposé par Bercy, indique que la représentation des femmes dans la chaîne entrepreneuriale progresse légèrement entre 2018 et 2022, mais l’écart reste encore patent : 27% déclarent être porteuses d’un projet, (ex-)dirigeantes d’entreprises, ou ayant l’intention d’en créer ou reprendre une, alors que cette proportion grimpe à 38% chez les hommes. « Lorsque celles-ci décident de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, leur première motivation est de donner du sens et de se conformer à leurs valeurs, écrit le cabinet d’Olivier Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises. Par ailleurs, il est plus important pour les femmes de devenir son propre patron que chez les hommes, tandis que ces derniers accordent plus d’intérêt qu’elles à l’augmentation de leurs revenus et de leur capital. »
Le secteur libéral se démarque cependant. « Aujourd’hui, plus d’un professionnel libéral sur deux est une femme en France : alors qu’elles représentaient 50,3% des effectifs en 2020, les femmes représentent 52% des effectifs des professionnels libéraux en 2023 », rapporte l’Union nationale des professions libérales (UNAPL). La famille du droit est la deuxième plus féminisée des professions libérales (55,6 % de femmes). Les écarts de revenus entre femmes et hommes subsistent pourtant : chez les indépendants, il est de 27 % chez les dirigeants salariés et de 21 % chez les dirigeants non-salariés.