27122024

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Gestion de Fortune n° 353 - Janvier 2024

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L'Edito de Jean-Baptiste Marcy

Haro sur la gestion active

Aux États-Unis, la part des actions américaines détenues par des fonds indiciels et des ETF dépasse celle des fonds de gestion active. L’Europe qui a souvent un train de retard n’arrive pas à ce niveau mais la tendance lourde tend désormais à mettre en avant la gestion passive par l’utilisation des ETF.

La gestion active vise à surperformer un indice de référence et de par sa nature, cette gestion est complexe et impose des ressources en analyse significatives. A l’inverse, les fonds passifs, qui répliquent un indice, font l’économie de ces dépenses et sont moins onéreux pour le client. Nous tendrions à croire que les ETF sont la nouvelle panacée, favorisés en outre par la stratégie de l'Union européenne pour l'investisseur particulier (RIS). C’est là où l’épargnant doit éviter cet écueil car comme toujours, le diable se cache dans les détails. Un ETF qui réplique l’indice MSCI World a des biais de construction qu’il faut bien intégrer avant d’investir une partie de ses avoirs. Le MSCI World est un indice d’actions international qui reproduit les performances d’entreprises situées dans 23 pays industrialisés. Avec 1 509 entreprises dans le monde entier, l’indice reflète environ 85 % de la capitalisation boursière mondiale des nations industrialisées, ce qui tendrait à supposer qu’il serait difficile de trouver un indice plus large et diversifié.

Cependant sur cet indice, la composante américaine est de l’ordre de 70 %, et si on ouvre le capot du moteur américain, nous trouvons les « sept magnifiques » qui correspondent à 30 % de la capitalisation de marché des USA. Donc quand on achète un ETF MSCI world, on achète essentiellement des entreprises de l’oncle Sam, et plus particulièrement sept valeurs. Il faut bien reconnaitre que cela va à l’encontre de l’intérêt premier de ces supports qui est celui de la diversification. Plus prosaïquement, il ne se trouve guère de différences entre cet ETF et sept lignes d’actions que sont Apple, Amazon, Microsoft, Alphabet, Meta, Tesla et Nvidia.

Chaque investisseur doit déterminer son allocation d’actifs, l’arbitrage entre fonds actifs et fonds passifs n’est pas toujours simple et c’est là que revient l’utilité d’un bon conseiller financier pour l’aider à opérer une sélection adaptée à ses objectifs. Les fonds thématiques constituent un domaine où la gestion passive est beaucoup moins présente, les gérants peuvent miser sur des tendances à plus long terme qui ne sont pas toujours prises en compte dans les indices. La sélection des titres par un gestionnaire expérimenté prend son sens notamment quand un secteur d’activité est en proie à des actions surcotées ou à des contraintes réglementaires. De plus, la gestion active a son mot à dire sur des marchés moins connus, moins documentés ou moins liquides (petites capitalisations, marchés émergents, obligations à haut rendement).

Les défenseurs de la gestion active justifient des coûts de gestion supérieurs si les gains nets qui en résultent dépassent ceux des indices de référence. Seulement ce crédo est mis à rude épreuve si l’on regarde les études qui montrent que la gestion active sous-performe la gestion indicielle sur plusieurs années. Le temps est à l’orage avec la chasse aux frais disproportionnés que payent les épargnants. Il est urgent de réagir pour les gestionnaires, la balle est dans leur camp pour montrer leur capacité et leur efficience.