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Gestion de Fortune n° 350 - Octobre 2023

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L'Edito de Jean-Baptiste Marcy

Fauché comme les blés

Dans sa mission de régulation de la hausse des prix, la BCE vient d’augmenter de 25 points de base son taux de référence pour le porter à 4 %. Le taux de dépôt atteint un niveau historique qui n’est pas sans conséquence sur l’activité économique et les mois à venir ne se présentent pas sous un univers radieux. « On voit à quel point la bête inflationniste est têtue », déclame le président de la Banque fédérale d'Allemagne, Joachim Nagel.

La moissonneuse de l’inflation est passée et, derrière elle, un nuage noir s’amoncelle. Le secteur immobilier tousse et tous les acteurs sont touchés : ménages, institutionnels, gérants, BTP, collectivités territoriales. L’AMF a demandé aux sociétés de gestion de faire preuve de transparence et, de ce fait, d’actualiser les valeurs des parts des SCPI. Cela passe par une réévaluation de l’intégralité des immeubles en location. Symboles de stabilité dans le patrimoine des épargnants, les SCPI, SCI et OPCI doivent affronter des turbulences. Quelques « grandes maisons » ont annoncé des baisses de parts significatives. Comment l’épargnant peut-il appréhender et intégrer cette baisse ? Comment les conseillers et CGP peuvent-ils rassurer leurs clients ? Comme à chaque crise, il est bon de se rappeler quelques fondamentaux : chaque placement a ses avantages et ses limites, le produit qui rapporte, qui est liquide et sans risque n’existe pas !

Des années de frénésies immobilières ont anesthésié la méfiance des épargnants. De l’autre côté du bureau, le conseiller (et le fameux devoir de conseil) a-t-il été assez explicite ? Contractuellement, le DIC (document d’information contractuel) des SCPI précise : « ce produit ne prévoyant pas de protection contre les aléas de marché, vous pourriez perdre tout ou partie de votre investissement ». C’est dans ces moments où l’on marche sur des sables mouvants, que le travail d’un conseiller intègre paye et que les discours de langue de bois ne sont d’aucune utilité.

A contrario, d’un scénario catastrophe se révèlent souvent des nouveautés. En effet, l’actualité montre que nous faisons preuve de « destruction créatrice ». Les assureurs lancent de nouveaux fonds euro pour capter la hausse des taux, et les gérants de SCPI développent des stratégies « opportunistes », en achetant de l’immobilier fortement décoté et en transformer des bureaux vides en résidentiel pour pallier la pénurie de logements. Oui nous sommes fauchés par cette envolée inflationniste, mais cela libère de la place pour des gérants audacieux et novateurs.