21122024

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Actualité des sociétés

Les investisseurs français se détournent de l’ESG


rupture divorcePlus d’un épargnant sur 10 ne prend plus en compte ces critères avant de faire son choix alors qu’ils étaient prioritaires dans le passé. Le greenwashing, les sous-performances des fonds durables et le manque de lisibilité de la réglementation encouragent le désamour.

 

 

 

  

L’ESG ne fait plus recette en France. Selon l’étude « Retail investor beat » d’eToro (1), plus de la moitié des investisseurs ne se préoccupent jamais des critères ESG avant d’investir, alors que seuls 18 % d’entre eux les prennent toujours en compte.

Crédibilité mise à mal

Si les facteurs de durabilité n’ont jamais fait consensus parmi les particuliers, ses supporters de la première heure ont rejoint les rangs des sceptiques : 13 % des sondés concèdent avoir tourné le dos à l’investissement durable alors qu’ils en faisaient une priorité par le passé.

« La crédibilité de l'investissement ESG a été mise à mal ces dernières années par les accusations de greenwashing et d'étiquetage erronées des fonds ESG », souligne eToro. Le greenwashing est en effet le facteur de dégoût principal pour 22 % des investisseurs, derrière le manque de clarté des critères ESG (29 % des répondants).

Chute de l’investissement

Cette baisse de popularité se retrouve dans les volumes d’investissement qui diminuent depuis 2021. « Les flux entrants dans l'industrie des fonds durables sont passés de plus de 100 Md$ par trimestre à l'équilibre, tandis que le nombre de lancements de nouveaux fonds est passé de plus de 300 par trimestre à l'époque à moins de 100 aujourd'hui », indique Antoine Fraysse Soulier, analyste des marchés chez eToro.

La plateforme de trading pointe l’effondrement des investissements dans les véhicules électriques et les énergies renouvelables, « Tesla, la tête d'affiche des véhicules électriques, et l’ETF iShares Global Clean Energy (ICLN), le principal fonds d'investissement dans les énergies renouvelables, ayant tous deux perdu plus de la moitié de leur valeur par rapport aux sommets atteints en 2021 ».

Manque de rentabilité

Les fonds ESG peinent à attirer ces derniers, mais aussi à être rentables, en témoigne la sous-performance chronique du plus grand fonds ESG au monde par rapport au S&P 500, Parnassus Core Equity (29 Md$ de capitalisation).

C’est là un autre facteur explicatif de délaissement : au moins pour un investisseur sur huit qui assume ne penser à l’ESG que quand les performances sont au rendez-vous ou préfère se concentrer uniquement sur les rendements de son portefeuille.

Les jeunes premiers désillusionnés

En découpant les réponses par profil d’investisseur, on remarque que les épargnants plus âgés se sentent moins concernés par les critères ESG que les jeunes. Si ce constat est déjà connu, l’étude montre que l’écart n’est pas aussi béant que l’on pourrait le penser : les investisseurs de 55 ans et plus sont 12 % à prendre toujours en compte la durabilité et 51 % pas du tout alors que les 18 à 34 ans sont respectivement 22 % contre 46 %. Ce résultat s’explique peut-être par un sentiment de dépit vis-à-vis des facteurs ESG plus fort chez les jeunes, qui sont 17 % à leur avoir tourné le dos.

Enfin, l’étude rapporte que les critères environnementaux sont toujours privilégiés (35 %), devant les critères sociaux (25 %) et de gouvernance (16 %), le solde étant constitué des sondés qui ne privilégient aucune lettre. Seuls les 18-34 ans considèrent que le « S » est le plus important (40 %).

(1) Enquête menée du 15 mai au 5 juin 2024 par Opinium auprès de 1 000 investisseurs particuliers français détenant au moins un produit d’investissement (actions, obligations ou fonds)