22122024

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Actualité des sociétés

Investir dans le vin : in diversificatio veritas


Juliette Théry Cavissima

Pour sa lancer dans ce placement plaisir, il est préférable d’acquérir quelques connaissances, de réaliser des investissements réguliers, mais surtout de diversifier ses achats.

 

 

 

 

Quand il s’agit d’investir dans le vin, patience et diversification sont les meilleurs alliés des investisseurs. Une fois ces deux principes intégrés, ce type d’investissement est accessible à toute personne qui le souhaite, dès quelques milliers d’euros, une mise nécessaire pour constituer une cave d’investissement.

Il faut en effet que les vins puissent se valoriser, et que les frais engendrés par la garde et les coûts d’assurance puissent être absorbés. En ce sens, un vin pourra être considéré comme un investissement au-delà d’une centaine d’euros.

Le vin, placement plaisir

Le vin est un placement dit exotique, c'est-à-dire que comme les matières premières rares ou l'art, il sort des catégories de placement ordinaires. Ce caractère exotique peut offrir des opportunités de rendements élevés, mais vient généralement avec un niveau de risque plus important et une liquidité plus faible. Cela signifie que ces investissements peuvent être plus difficiles à vendre à un prix équitable et dans un délai rapide. En général, il est donc conseillé de ne pas y consacrer plus de 5 % à 10 % de son patrimoine.

S’y connaître en vins n’est pas un prérequis, mais pour autant, sans devenir un professionnel de la vinification, connaître les noms des producteurs et des propriétés sera toujours un plus pour investir judicieusement. Pour les plus néophytes, des experts proposent leurs conseils. Pendant 20 ans, le célèbre critique œnologique, Robert Parker, a donné le La sur le marché du vin, mais aujourd’hui, il existe plusieurs critiques crédibles à qui se fier, comme Neal Martin, Antonio Galloni, Jean-Marc Quarin, Jane Anson ou encore Lisa Perrotti-Brown. Si un vin fait l’unanimité auprès de ces critiques, il y a de grandes chances qu’il soit bon, et donc sa liquidité en sera facilitée.

Pour les amateurs de bon vin, il faut garder en tête qu’aimer un vin n’est pas une condition suffisante pour en faire un bon placement. En effet, un produit au goût d’un consommateur n’a pas nécessairement de potentiel de valorisation. En revanche, un bon vin d’investissement peut tout à fait être au goût de l’investisseur et l’avantage de ce placement exotique est qu’il offre une porte de sortie intéressante : si un vin ne se valorise pas comme on le souhaite, on peut le boire ! Investir dans le vin peut donc aussi permettre de financer sa consommation, avec des vins qu’on ne s’offrirait pas habituellement.

La diversification comme maître mot

Il est toujours difficile de prédire les évolutions des différents vins, pour cette raison, il est important de construire une cave diversifiée en tenant compte de toutes les variables : régions, typologies de vins, millésimes, etc. En termes de régions, les Bordeaux offrent généralement plus de liquidité, avec un important volume d’échanges. Les Bourgogne, eux, permettent de miser sur la rareté du produit, avec des bouteilles généralement émises en faibles quantités sur le marché. Mais cette rareté a un coût. La vallée du Rhône séduit les investisseurs qui recherchent le meilleur rapport qualité/prix. Enfin, les vins du monde permettent, quant à eux, de parfaire sa diversification avec des acteurs qui progressent.

Au sein même des régions, on peut également travailler sa diversification, grâce aux différentes typologies des vins. Il y a les vins incontournables, souvent des premiers crus classés, dont la réputation n’est plus à faire. Des vins comme Château Latour, Premier Grand Cru Classé à Pauillac, sont recherchés partout à travers le monde pour leur qualité et l’histoire qu’ils véhiculent. Mais s’ils sont une valeur relativement sûre, ces vins nécessitent un ticket d’entrée conséquent. De plus, n’investir que dans des premiers crus classés serait dangereux, car les évolutions de prix peuvent être très importantes, à la hausse comme à la baisse. L’épargnant avisé pourra aussi miser sur des valeurs montantes, des propriétés qui ne sont pas encore qualifiées d’incontournables, mais dont on parle de plus en plus, comme Château Canon, un Premier Grand Cru Classé B à Saint-Émilion.

Une fiscalité attractive

En complément, il est intéressant de surveiller le marché pour miser sur les propriétés qui subissent des changements, comme un rachat par une plus grande propriété. Quand le Clos des Lambrays, Grand Cru de Morey-Saint-Denis en Bourgogne, a été racheté par LVMH en 2014, sa valeur a ensuite progressé significativement. Dans la même veine, il convient aussi de surveiller les classements. Le classement Saint-Émilion par exemple est revu tous les dix ans, entre les deux derniers classements parus en 2012 et 2022, on a pu constater des évolutions significatives sur les positionnements des propriétés, faisant évoluer les prix.

Enfin, une cave doit vivre. L’investissement de départ sera sûrement le plus important, mais ensuite, il est intéressant d’investir régulièrement. Acheter des vins de différents millésimes contribue aussi à la diversification d’une cave d’investissement. Cela permet aussi d'échelonner les reventes et donc de générer des rentrées d’argent régulières. Point non négligeable, le vin présente une fiscalité intéressante : il est considéré comme un bien meuble, et aucune fiscalité ne s’applique dès lors qu’un lot est revendu moins de 5 000 euros.

Investir avec modération

Comme tout investissement, le vin comporte des risques. Du risque de ne pas trouver preneur à celui d'une évolution négative des prix, l'investisseur doit être averti. Passer par des professionnels peut permettre de minimiser ces risques. L’investissement dans le vin est régulé par l’AMF, mais tous les acteurs qui opèrent sur ce marché n’ont pas l’agrément. Pour guider les épargnants, l’AMF met à leur disposition une liste blanche des acteurs agrémentés.

Il existe des profils de vins pour chaque profil de risque. Certains sont moins risqués avec des potentiels de progression de valeur moins importants et certains peuvent avoir des courbes de prix en dents de scie, mais avec des possibilités de rendement très intéressants. Dans tous les cas, il faudra toujours garder en tête qu'il s’agit d’un investissement à moyen-long terme. En effet, c'est la rareté qui crée la valeur du vin, une bouteille commence donc à prendre de la valeur quand les stocks se détruisent naturellement. La durée minimum de placement est de 3 à 5 ans, et peut parfois aller jusqu’à 10 ans pour des grands millésimes.