27122024

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Gestion d’actifs

Gérard Moulin (Amplegest) analyse la tendance des marchés


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Le ralentissement de la croissance et le retour de l’inflation ont provoqué un recul des valorisations boursières. Or, pour Gérard Moulin, responsable du pôle actions européennes chez Amplegest, toutes les valeurs ne sont pas logées à la même enseigne.

Les investisseurs ont pris acte de la dégradation de l’environnement macroéconomique. Le ralentissement de la croissance et le retour des tensions inflationnistes ont provoqué ces derniers mois un substantiel repli des valorisations boursières, dans un contexte de hausse des taux d’intérêt peu propice à la prise de risque. « Que les investisseurs revoient à la baisse leurs prévisions de croissance des marges bénéficiaires dans un tel contexte n’a rien d’anormal, fait observer dans sa Lettre de juillet Gérard Moulin, responsable du pôle actions européennes chez Amplegest et gérant du fonds Amplegest Pricing Power. Mais qu’ils le fassent indistinctement sur l’ensemble de la cote l’est en revanche davantage. Car toutes les valeurs sont loin d’être logées à la même enseigne. »

S’agissant de l’automobile « premium » allemande, par exemple, les derniers résultats trimestriels de BMW et de Mercedes-Benz Group font état d’une progression des chiffres d’affaires et des retours sur capitaux employés, et ce malgré la diminution du nombre d’immatriculations. « Dit autrement, continue Gérard Moulin, ces groupes ont compensé la crise d’offre à laquelle ils sont confrontés, du fait de leurs problèmes d’approvisionnement et de supply chain, par une poursuite de la montée en gamme et par des hausses de prix. Et les perspectives ne sont pas moins favorables. En effet, la force de leur image et la transformation de leur chaîne de valeur vers les services leur permettent de résister à l’inéluctable banalisation à venir du secteur. Deux cas d’école de pricing power, dont les potentialités à long terme sont largement ignorées par les investisseurs. »

Un rapport de force favorable

Pour le professionnel, ces groupes automobiles allemands, qui se paient 6 ou 7 fois leur prévision de résultat annuel, devraient se négocier au niveau de multiples constaté dans le secteur du luxe, avec lequel ils partagent de nombreux attributs. Et de prendre un autre exemple, celui de Smurfit Kappa. Le leader de l’emballage en carton bénéficie d’un double moteur : le besoin croissant de substitution aux emballages plastiques et l’explosion du e-commerce. « En découle un rapport de force particulièrement favorable, qui lui a permis d’imposer à ses clients des hausses de prix de 19 % en 2021, puis de 8 % à 10 % en 2022, fait remarquer Gérard Moulin. Las, le groupe irlandais a perdu plus d’un tiers de sa valeur depuis le début de l’année, encombré par son statut pourtant inadapté de titre cyclique. »

Les exemples de ce type abondent : ASML, Dr. Martens, Somfy, etc. L’actuel environnement inflationniste creuse un fossé entre les sociétés en mesure de faire progresser leurs marges – grâce à leur pricing power – et la masse des autres, réduites à leur incapacité à compenser la hausse de leurs coûts. Pour expliquer le manque de discernement des investisseurs, Gérard Moulin met en avant l’omniprésence des algorithmes et des robots qui génèrent du bruit et altère le bien-fondé des prises de décision à court terme.

Il souligne également que les statuts boursiers sont une boussole qui rassure, en dépit de son obsolescence, alors même que le contexte inflationniste sape la capacité à déceler les potentiels réels de création de valeur et de résistance aux chocs exogènes. D’après lui, le pouvoir d’une entreprise de décider durablement de sa politique de prix devrait être plus que jamais l’aiguillon d’une stratégie. « Le temps, conclut-il, se chargera de le prouver. » Ce serait particulièrement bienvenu, le fonds Amplegest Pricing Power faisant du surplace depuis cinq ans, alors que le Stoxx Europe 600 NR s’est dans le même temps adjugé plus de 20 %...

ML