04022025

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Marché

Epargne : en France, le retour des écureuils

écureuil épargne noisette

Le nombre de nos concitoyens désireux d’épargner est monté en flèche sur un an, traduisant un réflexe de précaution plutôt que d’amélioration de leur situation financière. Le PER tient désormais tête à l’assurance vie concernant les produits qu’ils souhaitent le plus souscrire.

 

 

 

 

 

Les Français seraient-ils devenus des agents économiques rationnels ? Alors que le nombre d’entre eux souhaitant épargner a stagné, voire diminué pendant la période de forte inflation que nous venons de traverser, le réflexe « noisettes » est de retour.

Pour la deuxième année consécutive, la hausse des salaires (entre 3 et 3,5 %) devrait être supérieure à l’inflation (1,6 % selon la Banque de France). Même si la perte de pouvoir d’achat n’a pas été intégralement compensée depuis le début de la poussée inflationniste, les Français qui retrouvent mois après mois de la capacité financière ont décidé de la consacrer à l’épargne.

L’enquête annuelle du Cercle des épargnants réalisée par Ipsos (1) laisse paraître une augmentation de 8 points sur un an du nombre de sondés souhaitant épargner davantage. Ils représentent maintenant 39 % du panel, contre 23 % qui souhaitent puiser dans leur épargne pour soutenir leur consommation, tandis que 38 % choisissent le statut quo.

Cette proportion « atteint un niveau record, très au-dessus de la première mesure de l’indicateur, en 2017 (23%) », écrit l’association d’épargnants. A l’inverse, ceux qui anticipent qu’ils devront puiser dans leur épargne « diminue à court terme mais est stable à moyen terme » : si le contingent accuse une baisse de cinq points par rapport à l’an dernier, il est toujours plus nombreux qu’avant le pic d’inflation (21 %).

En conséquence, la part de Français ne prévoyant ni d’épargner ni de puiser dans leurs réserves s’est réduite de trois points en un an et de 16 points depuis 2017.

Pour le cercle de l’épargne, la tendance à épargner davantage « semble traduire un réflexe de précaution, plus qu’une réelle amélioration de la situation financière ». Les Français n’épargnent donc pas davantage parce qu’ils sont conscients que leur épargne sera moins rognée par l’inflation, mais plutôt par peur des lendemains : plus de la moitié d’entre eux estiment toujours que leur pouvoir d’achat a baissé par rapport à l’an passé.

Pour les détenteurs de produits d’épargne interrogés, la première raison est toujours l’épargne de précaution (59 %), loin devant la préparation de la retraite (28 %). La pierre esquisse son retour avec la baisse des taux d’intérêts, puisque le projet d’achat d’un bien immobilier gagne trois points sur un an (13 %) et l’investissement locatif 5 points (15 %).

Les produits risqués, qui offrent pourtant un rendement plus attractif en période de recul de l’inflation, perdent du terrain : seuls un tiers des sondés disent les privilégier (-4 points). La moitié des Français préfèrent les produits sûrs et peu rémunérateurs.

En toute logique, 84 % des Français déclarent détenir au moins un livret : ils sont plus du double des possesseurs d’une assurance vie (37 %) et loin devant les détenteurs de plan d’épargne logement et compte épargne logement (30 %) ou d’épargne salariale (20 %). Le PER semble avoir atteint un plafond haut en termes de notoriété - plus de deux tiers des sondés en ont entendu parler – et joue des coudes avec l’assurance vie sur le podium des produits le plus susceptibles d’être souscrits (11 %).

A l’opposé du spectre de la désirabilité, les fonds ISR sont majoritairement considérés comme un prétexte au greenwashing (74 %), sans impact positif sur l’environnement (48 %) ou réelle différence avec les produits d’investissement classiques (74 %)… et ces considérations valent seulement parmi la petite proportion de Français qui en a entendu parler, soit moins d’un sur trois. « Aujourd’hui, pour une large part des Français, l’idée d’une finance durable reste abstraite et peu crédible, pour preuve, à rendements attendus équivalents, seuls 23% des Français choisiraient un fonds ISR plutôt qu’un fonds classique », enfonce Philippe Dupuy, président du conseil scientifique du Cercle des Epargnants.

(1) Enquête réalisée par Internet du 3 au 7 janvier 2025 auprès d’un échantillon représentatif de 1000 Français âgés de 18 ans et plus