Capital investissement
[Tribune] Private equity et santé : un duo gagnant pour les investisseurs
- Lundi 3 février 2025 - 10:38
- | Par Emilie Buttiaux, directrice générale d'Archinvest
Face aux mutations du secteur et aux besoins croissants en innovation, le capital-investissement s’impose comme un levier stratégique pour dynamiser la santé. Décryptage des tendances et opportunités clés.
L’activité du private equity dans le secteur de la santé a connu une forte dynamique en 2024, atteignant 115 milliards de dollars d’investissements. L’Europe a enregistré une année record avec 136 transactions, tandis que l’Amérique du Nord a atteint son deuxième plus haut niveau historique. Ces chiffres illustrent l’attrait croissant des investisseurs pour un secteur à la fois résilient et porteur d’innovations.
Des tendances structurantes
Plusieurs tendances majeures redéfinissent le paysage du private equity dans le secteur de la santé :
• Le vieillissement de la population : entre 2015 et 2050, la part des plus de 60 ans dans la population mondiale devrait presque doubler, passant de 12 % à 22 %. En France, au 1ᵉʳ janvier 2021, 18,1 millions de personnes avaient 60 ans ou plus, soit plus d'un quart de la population. Cette évolution démographique accroît la demande de services de santé adaptés aux seniors
• La montée en puissance de la santé des femmes : un marché sous-exploité, où les femmes génèrent entre 5 000 et 15 000 Md$ de dépenses aux États-Unis. Cette dynamique attire de plus en plus les fonds de private equity, notamment via des plateformes consolidant des services spécialisés, comme les réseaux de cliniques dédiées à la santé féminine ou les laboratoires axés sur la recherche en gynécologie et fertilité
• Les carve-outs comme levier de création de valeur : depuis 2010, les carve-outs dans le secteur de la santé progressent fortement, portés par la volonté des entreprises de céder des actifs non stratégiques et par l’appétit des fonds de private equity pour ce genre d’actifs. Ces opérations bénéficient aux deux parties : les entreprises cédantes simplifient leur structure tandis que les fonds acquièrent des actifs sous-exploités avec un fort potentiel de création de valeur sous une nouvelle gouvernance
• Une approche optimisée des cessions : les vendeurs misent sur les synergies comme le cross-selling ou l’optimisation des stratégies de mise sur le marché pour attirer les acheteurs stratégiques. Ces derniers, disposant de capitaux à déployer, recherchent activement des entreprises détenues par des fonds de private equity ayant été optimisées opérationnellement
Un impact concret
Le private equity joue un rôle clé dans l'innovation et l'optimisation des services de santé, bénéficiant aux patients. En investissant dans des technologies et solutions plus efficaces, il réduit les coûts et améliore l'accès aux soins. Par exemple, la consolidation du secteur des dispositifs médicaux, historiquement fragmenté, permet aux hôpitaux et praticiens d’accéder à des produits de meilleure qualité à moindre coût. Sur le plan technologique, l'acquisition de CluePoints par EQT illustre cet impact positif, avec une optimisation des opérations via l’intelligence artificielle ayant permis de renforcer la fiabilité des essais cliniques.
Pourquoi investir dans la santé aujourd’hui ?
Dans un environnement où l’innovation, la consolidation et la digitalisation sont cruciales, le private equity apparaît comme un vecteur clé pour transformer durablement le secteur. L’expertise sectorielle des fonds spécialisés dans le secteur de la santé leur permet d’adopter une approche ciblée, identifiant les leviers de croissance les plus pertinents et maximisant ainsi la création de valeur pour les investisseurs.
Entre 2010 et 2021, le TRI médian des deals en santé a dépassé de six points celui des autres industries (1), démontrant le profil de retours attractif du secteur. Avec un historique de performance robuste et des perspectives prometteuses, investir dans des fonds spécialisés en santé constitue une opportunité de diversification pour les investisseurs en quête de rendements attractifs et d’impact tangible.
(1) 27% contre 21% selon DealEdge