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Corruption : L’OCDE annule une mission destinée à faire pression sur la Hongrie
- Mercredi 16 octobre 2024 - 15:00
- | Par La rédaction
C’est la première fois que l’institution, qui ne dispose pas de pouvoir coercitif, fait marche arrière. De quoi conforter la réputation du pays dirigé par Viktor Orbán de plus corrompu d’Europe.
Le groupe de travail de l’OCDE sur la corruption n’avait jamais reculé. Il vient pour la première fois d’annuler une mission à haut niveau prévue les 15 et 16 octobre à Budapest.
Raison invoquée, le gouvernement hongrois a été « dans l’incapacité de se faire représenter de manière suffisante, par des ministres et des hauts fonctionnaires, lors de cette rencontre ».
Désinvolture hongroise
La désinvolture de la Hongrie vis-à-vis du groupe de travail sur la corruption interroge, d’autant plus que l’Etat-membre a une réputation assez désastreuse en la matière. Le Premier ministre Viktor Orbán, en exposant ses priorités pour la présidence du Conseil de l’Union européenne (UE) que la Hongrie occupe depuis le 1er juillet pour six mois, a été accusé par plusieurs députés européens d’avoir fait de son pays le « plus corrompu de l’UE ».
Les faits leur donnent raison, puisque la Hongrie figure systématiquement parmi les pays européens les plus corrompus quel que soit le référentiel. L’enquête Eurobaromètre 2024, par exemple, rapporte que 9 Hongrois sur 10 considèrent que leur pays est corrompu.
Corruption endémique
Autre source, l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Il classe la Hongrie au dernier rang des pays européen ou à la 76 place mondiale sur 180, avec un score de 42 sur 100 (zéro signifiant hautement corrompu et 100 irréprochable). L’ONG pointe « plus d’une décennie de violation systémique de l’Etat de droit », permettant à la corruption de « prospérer sans sanction ».
Le groupe de travail de l’OCDE n’a donc pas réussi à faire bouger une situation profondément enracinée. Le déclenchement d’une mission à haut niveau constituait déjà la preuve de la volonté de ne pas coopérer de la Hongrie, puisque celle-ci est déclenchée lorsqu’un pays « persiste à ne pas mettre convenablement en œuvre la Convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption ».
Aucune amélioration
Décision avait été prise en décembre 2023, compte tenu du fait que la Hongrie n’avait accompli « aucun progrès tangible » pour donner suite aux recommandations du groupe de travail, dont certaines remontaient à 2012.
« Ces recommandations sont liées à la méconnaissance par les autorités hongroises de leur exposition au risque de corruption transnationale, à leur absence de stratégie visant à détecter activement les actes de corruption transnationale et à mener résolument des enquêtes le cas échéant, à des délais d’instruction insuffisants pour pouvoir appliquer des mesures d’enquête, et au manque de clarté des textes de loi concernant la mise en jeu de la responsabilité des personnes morales ayant commis des actes de corruption transnationale », rappelle l’OCDE.
Le groupe de travail sur la corruption n’a pas la possibilité de sanctionner directement les Etats qui ne respectent pas ses recommandations. Il évaluera donc à nouveau la situation de la Hongrie lors de sa prochaine réunion plénière, et la Hongrie pourra à nouveau choisir de ne pas appliquer ses recommandations.