10102024

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Loi de finances

PLF 2025 : les catégories aisées sont les plus favorables à la taxation des plus riches


soutien approuverUne étude de l’Ifop pour Yomoni met en lumière un soutien massif des électeurs macronistes et des hauts revenus aux propositions de Michel Barnier, encore plus appuyé que celui de la population française prise dans son ensemble.

 

 

 

 

 

Ce jeudi, le voile se lève sur le projet de budget pour 2025. Les 65 000 foyers fiscaux les plus riches et les 300 plus grosses sociétés seront donc fixés sur la taxation exceptionnelle auxquels ils vont être assujettis, comme l’a teasé Michel Barnier lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale.

Les 0,3 % de ménages plus aisés - à partir de 250 000 € de revenus pour une personne seule ou 500 000 € pour un couple - se verront imposés à hauteur de 2 Md€ supplémentaires, tandis que 8 Md€ de plus seront ponctionnés sur les entreprises.

Augmentation de la CEHR ?

Bien que la forme de la nouvelle imposition sur les particuliers ne soit pas encore confirmée, plusieurs pistes circulent, mais celle de l’augmentation du rendement de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR) semble à privilégier. Cette imposition se déclenche en effet précisément à partir des seuils de revenus précités.

Côté entreprises, le gouvernement aurait opté, selon les informations des Echos, pour une surtaxe temporaire de l’impôt sur les sociétés (IS), à 30 % contre 25 % actuellement.

Soutien massif

Si l’aile droite de la minorité présidentielle, portée par Gérald Darmanin, s’est déjà prononcée contre ces hausses d’impôts ciblées, les Français semblent d’un avis bien différent. Selon un sondage réalisé par l’Ifop pour Yomoni (1), ils sont favorables pour les trois quarts d’entre eux à la taxation des ménages les plus riches et des entreprises.

Curieusement, le soutien est encore plus massif si l’on interroge seulement les sympathisants d’Emmanuel Macron, puisque les sondés sont alors 8 sur 10 à répondre positivement, alors même qu’ils sont moins nombreux que le reste de la population à considérer que les hauts revenus sont fiscalement avantagés (56 % contre 64 %).
Les catégories aisées sont elles-mêmes plus favorables aux hausses d’impôts sur les ménages les plus riches (85 %) et les plus grosses entreprises que le reste de la population (93%). Quand on leur demande si les hauts revenus sont fiscalement avantagés, elles sont aussi plus nombreuses à répondre oui (70 %).

Pas touche à l’épargne

Les Français pensent également que les hausses d’impôts ne se limiteront pas aux hauts revenus, mais toucheront également les classes moyennes et populaires (pour 75 % des répondants) ou les personnes en activité professionnelle (77 %). Au total, plus de huit Français sur dix pensent que leurs impôts vont augmenter l’année prochaine.

Ils se positionnent aux deux tiers contre une taxation accrue des plans d’épargne comme le PEA ou le PER, et sont presque autant à vouloir préserver la fiscalité de leur contrat d’assurance vie. Une opposition « particulièrement forte chez les détenteurs de ces produits : plus de sept détenteurs de produits d’épargne sur dix s'y opposent », précise l’Ifop.

Paradoxe de l’opinion publique

Pour François Kraus, directeur du pôle actualités et politique de l’Ifop, ce sondage révèle un « paradoxe » dans l’opinion publique, « y compris au sein de l’électorat macroniste ». « D'un côté, on observe un large soutien à l'augmentation de la fiscalité pour les plus riches et les grandes entreprises. Et de l'autre, on constate une forte inquiétude quant à une possible hausse des impôts personnels et un rejet marqué de toute augmentation de la taxation de l'épargne populaire, analyse-t-il. Cette tension entre la volonté de faire contribuer davantage les plus aisés et le refus de voir sa propre situation fiscale se dégrader place le gouvernement face à un défi de taille : comment réformer la fiscalité tout en rassurant les classes moyennes et en préservant l'épargne des Français ? »

(1) Étude Ifop pour Yomoni réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 1er au 2 octobre 2024 auprès d'un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.