Les indicateurs sur le carbone et l’énergie sont les plus usités, même si la biodiversité s’installe progressivement dans le paysage, selon une étude conjointe de l’Aspim et de l’OID. Le label ISR estampille tous les fonds étudiés.
L’Association française des sociétés de placement immobilier (Aspim) et l’Observatoire de l’Immobilier Durable (OID) ont publié leur deuxième étude conjointe sur l’évolution des pratiques ESG des fonds immobiliers.
Sur les 120 fonds étudiés représentant 69 % des fonds grand public en valeur, presque 6 sur 10 sont classés article 8 de la SFDR. Un quart des fonds sont classés article 9 et un peu plus de 16 % article 6.
Pilier E en tête
Plus de 8 fonds sur 10 ont une stratégie ESG ou mentionnent des objectifs ESG. Sans surprise, le pilier E revient quasi-systématiquement (94 % des fonds), les piliers S (70 %) et G (72 %) un peu moins.
Les thématiques du carbone et de l’énergie figurent en tête de liste. Logique, puisque le bâtiment pèse pour 40 % des consommations énergétiques de l’Union européenne et 36 % des émissions de gaz à effet de serre (GES).
La biodiversité s’inscrit timidement dans le paysage (34 % des fonds), alors que cette thématique est d’autant plus prégnante dans un secteur dont l’activité est intimement liée à la politique de Zéro artificialisation net (ZAN).
Pas d’alignement à la taxonomie
L’alignement des fonds à la taxonomie environnementale ne dépasse pas 3 %, mais les auteurs de l’étude ont une explication : « La rigueur des critères de la taxinomie, conçus pour valoriser uniquement les activités ayant un impact environnemental exemplaire, contribue […] à expliquer pourquoi les taux d'alignement restent bas à ce stade, bien que des améliorations soient attendues à mesure que les entreprises s'adaptent à ces exigences. »
Le label ISR en revanche, est présent partout dans l’univers étudié, qui représente la moitié du marché. En moyenne, 10 indicateurs d’impact sont publiés dans les rapports périodiques et 54 critères sont utilisés dans les grilles ESG.
Dominance du best-in-progress
Le best-in-progress l’emporte largement sur le best-in-class, puisque 98 % des fonds ont recours à cette première stratégie. Ici encore, le E (44 %) l’emporte sur le S (33 %) et le G (23 %) dans la pondération des trois piliers dans les grilles ISR, ainsi que l’exige le référentiel pour les fonds immobiliers.
Ce dernier doit être mis à jour dans la veine du troisième référentiel pour les valeurs mobilières qui s’applique depuis le 1er mars 2024. Les premiers éléments devraient être connus début 2025, moment où la période de transition pour les fonds ISR investis en valeurs mobilières déjà labélisés s’arrêtera.
Gérant cherche indicateurs
Parmi les enjeux évoqués par les gérants lors des entretiens avec l’Aspim et l’OID, on peut noter l’optimisation de l’infrastructure de gestion des données ESG, les actions mises en place sur la gestion de l’eau - majoritairement au travers de l’installation d’équipements hydro-économes et des travaux de désimperméabilisation des sols - ou l’intégration de l’impact environnemental et social, ainsi que la recherche d’indicateurs significatifs sur les différentes dimensions de la biodiversité.
Cette dernière interrogation est particulièrement visible pour le reporting extra-financier imposé par l’article 29 de la loi Energie climat, qui se veut plus ambitieux que celui de la SFDR. Ce reporting, qui entre dans sa deuxième année, vise l’alignement sur les accords internationaux en matière de biodiversité. Or, « de nombreux acteurs expriment des difficultés à appliquer ces principes dans le secteur de l’immobilier », relaye les auteurs.
« Si le rapport exigé par cette loi a été perçu comme un outil utile par certains acteurs pour affiner leur stratégie ESG, d’autres y voient une redondance, notamment vis-à-vis des codes de transparence déjà requis pour les fonds labélisés ISR », indiquent-ils encore.