La cession participe du plan de rationalisation des coûts de La Banque Postale, tandis qu’Ulule entend conforter sa position dominante parmi les intermédiaires en financement participatif.
Après la gestion de patrimoine et la gestion d’actifs, est-ce au tour du financement participatif de consolider ? Deux poids lourds du secteur sont en tout cas entrés en collision, avec le rachat de KissKissBankBank par Ulule auprès de la Banque Postale.
Les deux plateformes « conserveront leurs spécificités, tout en bénéficiant d’une infrastructure technologique commune, permettant d'optimiser l'innovation et les investissements au service des créateurs », précise Ulule dans un communiqué.
En cumulé, les deux intermédiaires en financement participatif (IFP) représentent 80 000 projets sur 15 ans pour 480 M€ collectés (311 M€ pour Ulule et 177 M€ pour KissKissBankBank).
Cette cession intervient alors qu’Ulule prépare une transformation majeure de sa plateforme pour le premier trimestre 2025. « Nous créons le camp de base des créateurs et entrepreneurs, un point d'entrée unique offrant tous les services essentiels pour développer son projet, quel que soit son stade de maturité », annonce Alexandre Boucherot, président de l’IFP.
Pour La Banque Postale, qui avait acquis la plateforme en 2017, l’heure est au délestage : Stéphane Dedeyan, qui a remplacé Philippe Heim à la présidence du directoire de la banque dans le courant de l’année, a lancé un plan de rationalisation des coûts de 200 M€ pour 2024.
Or, KissKissBankBank, malgré un chiffre d’affaires de 2 M€ en 2023, était déficitaire depuis sa création en 2009.
La période n’est pas faste pour le financement participatif de façon générale, qui, majoritairement tourné vers l’immobilier, a subi comme le reste du secteur la hausse des taux et l’inflation.
D’après le baromètre de France FinTech, le taux de défaut du crowdfunding immobilier était en forte hausse au premier semestre 2024, avec des pertes définitives portant sur 2 à 4 % des projets.
Le statut de prestataire en financement participatif (PSFP), obligatoire depuis novembre 2023 pour toutes les plateformes, ne semble pour l’heure pas avoir favorisé la consolidation du secteur malgré sa complexification réglementaire. Ulule et KissKissBankBank ne sont cependant pas concernées car elles ont conservé leur statut préexistant d’IFP, qui restreint leur activité au don et prêt participatif sans intérêts.
Les deux marques misent sur la diversification de leur activité comme gage de pérennité, en gardant la cible de l’entrepreneuriat à impact : « conseil et formations certifiantes, programmes partenaires avec des grandes entreprises engagées, distribution via Ulule Boutique pour les marques responsables »...