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Les marchés américains exultent après la victoire de Donald Trump


Donald Trump 32758233090Les ritournelles du Président pas si nouveau chantent à l’oreille des marchés américains qui progressent en cœur, de même que celui des cryptoactifs. Les places européennes ne tiennent pas la note, mais les effets collatéraux de la politique américaine pourraient leur être bénéfiques.

 

 

 

 

 

Ce qui devait être l’un des matchs les plus serrés de l’histoire présidentielle américaine a tourné court. Dès le début de matinée, Donald Trump a annoncé sa victoire sur la candidate démocrate Kamala Harris, avant de la confirmer dans la journée en dépassant la barre des 270 électeurs nécessaires pour remporter la Maison blanche.

Si l’heure n’est pas à la fête chez les défenseurs des libertés individuelles et de la transition climatique, les marchés financiers ont sorti cotillons et confettis. Les indices américains ont réagi plus que positivement, le Dow Jones progressant de 3,18 % dans les premiers échanges, le S&P de près de 2 % et le Nasdaq de 1,81 % (avant de redescendre rapidement).

Cinq piliers

Le programme de Trump n’est pas encore complètement détaillé, mais après une première mandature, ses fondamentaux sont bien connus.

« Sa politique repose sur cinq piliers, partage Andrea Tueni, Head of Sales Trading du bureau Saxo Banque France. Le soutien aux énergies fossiles, les dépenses d’infrastructures, l’augmentation des droits de douane, la baisse de la fiscalité et la déréglementation. »
Ces trois derniers points, qui devraient bénéficier aux smalls et mid-caps, peuvent expliquer l’envolée du Russell 2 000, l’indice des petites capitalisations, qui dépassait les 5 % à la mi-séance.

Bénéfice sectoriel

Au niveau sectoriel, les secteurs de l’énergie, de la défense et des banques devraient également bénéficier des inclinaisons du nouveau Président. C’est moins évident pour le secteur des technologies puisque « les politiques commerciales de Trump, notamment envers la Chine, pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement en semi-conducteurs et affecter l’industrie technologiques en général », analyse dans une note Grégoire Kounowski, investment advisor chez Norman K.

Pour l’heure, les « Sept Magnifiques » - les gérants américains de la tech - se portent bien. Très bien même pour Tesla, l’entreprise dirigée par le soutien de Trump, Elon Musk, dont le cours a pris plus de 10 % depuis l’ouverture. Les Gafam étaient ouvertement anti-trumpistes en 2016 mais le précédent quadriennat de l’homme à la mèche leur a été favorable.

Géopolitique douanière

Si la politique migratoire sélective de Trump sera à même de continuer à fournir des cerveaux à la Silicon Valley, il faudra voir les conséquences des droits de douane jusqu’à 60 % sur les produits fabriqués en Chine, et jusqu’à 20 % pour les autres pays. En réaction à sa victoire, l’indice MSCI China a frôlé -2 % par rapport à la clôture la veille.

« Les marchés chinois enregistrent une performance négative sans être catastrophique car les investisseurs attendent des mesures fortes de soutien à l’économie pour contrer une politique tarifaire désavantageuse, analyse Andrea Tueni. Le risque est similaire en Europe, il faudra voir comment les européens gèrent les relations transactionnelles. » Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz, tout en saluant la victoire du candidat républicain, se sont entretenus pour décider d’une approche coordonnée.

Incertitude des marchés européens

Les indices européens sont pour l’heure dans l’incertitude. L’Euro Stoxx 50, le Cac 40, le Dax allemand, le Footsie britannique ou l’Ibex 35 espagnol ont tous suivi le même schéma, progressant à l’ouverture avant de se replier dans l’après-midi. Beaucoup de paramètres sont à même de générer de la volatilité, dont l’impact des futures barrières douanières sur plusieurs secteurs comme le luxe ou l’agroalimentaire, l’attitude du Président sur la guerre en Ukraine, une éventuelle sortie de l’Otan… ou les effets de sa politique sur l’inflation.

Les observateurs estiment que la Réserve fédérale (Fed) devrait baisser son taux directeur de 25 points de base lors de sa réunion du 7 novembre, mais la suite des opérations est plus incertaine. Emmanuel Auboyneau, gérant associé chez Amplegest, écrit que « le mouvement de baisse des taux devrait désormais être modéré et conditionné par les annonces de la nouvelle administration », Donald Trump apparaissant comme le candidat « favorisant la croissance et l’inflation ».

« Les marchés, de la même façon qu’ils anticipent des mesures de soutien en Chine, anticipent une politique de la Banque centrale européenne (BCE) beaucoup plus agressive que celle de la Fed, rapporte Andrea Tueni. La probabilité de baisse des taux de 50 points de base est passée de 15 % à plus de 25 %, ce qui a mécaniquement des conséquences positives pour les marchés. »

Bitcoin en fête

Les adeptes de la cryptosphère sont aussi au rang des enthousiastes : le bitcoin a fait un bond pendant la nuit pour crever le plafond des 75 000 dollars. Pour Eric Demuth, PDG et fondateur de Bitpanda, « la future administration républicaine devrait mettre en place une approche réglementaire plus ouverte et libérale par rapport au cadre qu'une administration démocrate aurait potentiellement instauré ». Mais ici encore, impossible de prédire l’avenir car, comme le souligne dans un billet Simon Peters, analyste de marchés chez eToro, « le précédent record historique ayant été dépassé, le prix du bitcoin est maintenant en phase de découverte des prix et personne ne sait où il atteindra son maximum ».

Si la majorité républicaine est acquise au Sénat, elle ne l’est pas encore à la Chambre des représentants au moment où nous écrivons ces lignes. L’une des rares incertitudes qui devrait être levée rapidement.